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L’hyperphagie : un mal inconnu

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L’hyperphagie
L’hyperphagie

L’hyperphagie est un trouble du comportement alimentaire. Inconnu, ignoré, il n’est pas aussi médiatique et exposé que la boulimie et l’anorexie.

L’hyperphagie : approche et définition

Hyperphagie, en latin, signifie « trop » (hyper) « manger » (phagie). L’hyperphagie, c’est le fait d’avaler des quantités de nourriture bien souvent monstrueuses au-delà de ses besoins nutritionnels, la plupart du temps sous forme de crise incontrôlée. Elle surgit pendant les repas (hyperphagie prandiale) ou entre ceux-ci (hyperphagie inter-prandiale), explique François Faucon dans Hyperphagie, l’obsession de manger.
L’hyperphagie ressemble de près à la boulimie. Jennifer Borgué, diététicienne spécialisée dans les TCA nous explique que la seule différence reconnue pour le moment est l’absence de comportements compensatoires « réussis » ou « inappropriés » tels que les vomissements, emploi abusif des laxatifs, diurétiques, lavements et autres médicaments, jeûne, exercice physique excessif chez les hyperphagiques. Ces comportements compensatoires sont constatés chez les boulimiques. »
L’hyperphagie est donc « un type » de boulimie, c’est-à-dire une boulimie sans méthodes compensatoires. Les hyperphagiques ne sont pas toujours tenus par l’envie irrépressible de mincir tels que peuvent l’être les boulimiques mais la minceur reste, surtout pour les femmes hyperphagiques, une obsession. Lorsque l’on parle d’hyperphagie on parle également d’hyperphagie boulimique et de  « binge eating disorder »

Qu’est-ce qu’une crise d’hyperphagie ?

Jennifer Borgué définit la crise d’hyperphagie comme une crise de boulimie, à ne pas confondre avec le trouble du comportement « la boulimie ». Elle peut être déclenchée par un contrôle alimentaire excessif, l’influence sociale, un stress, une ou des émotions négatives, des insatisfactions, contrariété, perception de soi négative, perfectionnisme…précise notre diététicienne. On constate chez l’hyperphagique que les crises peuvent aller de quelques heures, telle la boulimie, jusqu’à quelques jours, caractéristique qui semble plutôt appartenir à l’hyperphagie. L’envie de se remplir est constante, il faut manger en contenu. Abuser des repas et se nourrir sans arrêt entre les repas.
La crise de boulimie, sur quelques heures, consiste à avaler tout et n’importe quoi, à se remplir, à se gaver.Il faut manger, tout manger, très vite. Dans ces moments-là, plus rien n’existe et des quantités de nourriture viennent combler un estomac et un corps bientôt à bout. S’en suit très rapidement une grande culpabilité. Et très souvent, des bonnes résolutions, l’éternelle « c’est la dernière fois ».

Le processus de restriction cognitive

Après la perte de contrôle, l’hyperphagique décide très souvent à coup de belles résolutions, de reprendre le contrôle. Cette prise de contrôle est appelée restriction cognitive. Comme l’explique Jennifer Borgué, l’hyperphagique se crée des règles alimentaires trop strictes sans tenir compte des nombreux paramètres entrant en jeu dans l’équilibre alimentaire, use de pensées dangereuses comme « il faut que » ou « je dois manger ça », « je ne dois pas manger ça », « ne pas craquer », il en oublie le plaisir alimentaire et frustre son organisme.
A coup de journées de privations, faites de litres de Coca Light, d’haricots verts, de produits bio, l’hyperphagique pense qu’un nouveau départ se profile. Il entame bien souvent un processus de restriction cognitive qui l’amènera alors à craquer sans plus tarder. Ce qui arrive. Il craque ne serait-ce que pour un petit morceau de chocolat. Il se dit alors qu’il n’est plus à « ça près » et que tant qu’à faire, il faut faire des réserves car un beau jour il faudra se priver de nouveau. « A se restreindre pour maigrir, on rend plus criante la détresse profonde et l’on se prend à vouloir manger de nouveau, explique François Faucon dans son livre l’hyperphagie, l’obsession de manger. Tout est là.

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Cercle vicieux de l’hyperphagie – par Jennifer Borgué

Le paradoxe de l’hyperphagie : vouloir mincir et manger

Souvent, l’hyperphagique, au même titre que le boulimique ou l’anorexique, est soucieux de son poids. Ou plutôt soucieuse. L’envie de mincir, de répondre à son corps idéal, concerne plutôt les femmes. Mais c’est une question qui fait débat : nous n’avons pas de statistiques même s’il est clair que beaucoup d’hyperphagiques sont à la recherche du Graal de la minceur. Jennifer Borgué précise que ce n’est pas sur ce critère de « quête de minceur » que l’on peut détecter une personne atteinte d’hyperphagie.
Les personnes obèses atteintes d’hyperphagie ne vouent pas forcément de culte à la minceur. Jennifer Borgué témoigne : j’ai eu des patients qui voulaient maigrir pour améliorer leur santé ou leur vie quotidienne sans forcément vouloir être mince et qui font des crises de boulimie.

Quoiqu’il en soit, l’hyperphagique veut maigrir, veut lutter contre ce mal. Mais il mange des quantités trop importantes pour mincir… Manger est tout bonnement incontrôlable. Bien sûr que les hyperphagiques essaient « d’arrêter »… Que la question la plus moralisatrice et dénuée de sens qu’ils entendent est : « Mais pourquoi manges-tu si tu veux perdre du poids ? »

L’hyperphagie : un mal inconnu

L’hyperphagie est une maladie souvent ignorée. Jennifer Borgué affirme que…

L’hyperphagie est peu connue car souvent mal diagnostiquée, confondue avec la boulimie.

Elle nous explique que la perte de contrôle face à la nourriture n’est pas toujours abordée dans les problèmes de poids lors des visites chez le médecin. Les personnes ne pensent pas à en parler, n’imaginent pas que des solutions existent, pensent que c’est un problème à régler avec eux-mêmes, un problème de motivation et ont honte de perdre le contrôle… témoigne Jennifer Borgué. Oui, le sentiment de honte est souvent plus important que chez les boulimiques car il n’existe pas de comportements compensatoires, ajoute-t-elle. La sensation d’échec est plus forte, forcément.

L’hyperphagie appréhendé par le corps médical

Pour le moment, l’hyperphagie comme trouble du comportement alimentaire n’est pas reconnu à part entière, comme l’anorexie et la boulimie, L’hyperphagie fait partie des catégories diagnostiques demandant à être explorées lors de recherches ultérieures. Le groupe de travail a également recommandé la reconnaissance formelle de l’hyperphagie boulimique et des modifications des critères diagnostiques de l’anorexie et de la boulimie.

*Nous avons donc décidé de vous apporter une définition, via notre vécu mais surtout via des experts tels que Jennifer Borgué diététicienne spécialisée dans les troubles du comportement alimentaire que nous avons rencontrée et François Faucon, auteur du livre Hyperphagie, l’obsession de manger.

L’hyperphagie : plus de victimes qu’on le ne pense

En comparaison avec l’anorexie et la boulimie, troubles connus de tous.
Hyperphagie : femmes 3,5 % / hommes 2 %
Anorexie : femmes 1 % / hommes 0,3 %
Boulimie : femmes 1,5 % / hommes 0,5 %

L’hyperphagie touche bien plus de personnes que l’on ne croit. Si nous avons créé ce site internet dédié à l’hyperphagie, c’est pour enfin donner la parole à cette maladie trop effacée.

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