Le Roi aimait sa 4e épouse plus que toutes les autres. Il lui donnait de jolis présents et l’entourait de beaucoup de soins. Il la comblait de ce qu’il avait de meilleur.
Il aimait également sa 3e épouse et la présentait avec fierté aux Rois voisins. Mais il avait peur qu’elle ne parte un jour avec un autre Roi.
Il aimait aussi sa 2e épouse. Elle était sa confidente : chaque fois qu’il avait un problème, il lui en parlait.
La 1e épouse du Roi était sa compagne la plus loyale ; c’est avec elle qu’il avait construit son royaume. Cependant, le roi ne faisait plus trop attention à elle. Elle n’avait plus vingt ans…
Un jour, le Roi tomba gravement malade.
Sur le point de mourir, il se mit à réfléchir :
— J’ai quatre épouses, mais quand je vais mourir, je serai seul…
Il appela d’abord sa 4e épouse et lui dit :
— Je t’ai aimée plus que toutes les autres. Je t’ai donnée ce que j’ai de meilleur. Maintenant que je suis en train de mourir, voudrais-tu venir avec moi ? Voudrais-tu être ma compagne pour toujours ? »
— Tu es fou ?, lui dit-elle avant de s’éloigner sans ajouter un mot.
Sa réponse pénétra douloureusement dans le cœur du Roi comme un couteau aiguisé.
Le Roi appela alors sa 3e épouse :
— Je t’ai aimée toute ma vie. Maintenant que je suis en train de mourir, voudrais-tu me suivre ? »
— Non, répondit-elle, la vie est trop belle. Quand tu seras mort, je me remarierai !
Cette réponse surprit le Roi et il en fut tout triste.
Il fit venir sa 2e épouse :
— Je suis toujours venu à toi dans mes moments difficiles. Et tu m’as toujours aidé. Maintenant que je vais mourir, voudrais-tu m’accompagner ?
— Je regrette vraiment de ne pouvoir te suivre, lui dit-elle, mais je promets de te faire un bel enterrement.
Le Roi fut désemparé. Toute sa vie, il s’était donc trompé sur les sentiments de ses épouses… Et c’est alors qu’il entendit une petite voix lui dire :
— Moi j’irai avec toi ; je te suivrai partout où tu iras.
C’était la 1e épouse qui venait de parler.
Alors le Roi la regarda, et il eut honte…
Elle était maigre, malade, résignée ; toute menue, recroquevillée sur elle-même, mais son regard était d’une profondeur qu’il n’avait jusqu’alors jamais su soupçonner.
Il dit alors :
— C’est toi que j’aurai dû aimer plus que les autres lorsque j’en avais les moyens.
Et il pleura…
En réalité, chacun de nous a quatre épouses.
Notre 4e épouse est notre corps. Quel que soit le soin que nous lui apportons, il nous laissera le jour de notre mort.
Notre 3e épouse est notre richesse et notre situation sociale. Elle peut nous quitter à tout instant et ne nous sera d’aucun secours à notre mort.
Notre 2e épouse, ce sont nos amis et notre famille. Ils sont d’un grand appui pour nous, mais au jour de la mort, tout ce qu’ils peuvent faire pour nous, c’est organiser nos funérailles.
Notre 1e épouse, c’est notre âme, que nous oublions souvent et que nous traitons si mal. Pourtant elle est la seule qui nous accompagnera en tout lieu. Jusqu’au ciel, devant le Créateur de toutes choses.
Prenons le temps de la soigner et de l’entretenir tant que, par la Parole de Dieu, nous en avons les moyens ; afin qu’elle soit belle et saine, devant le Seigneur et qu’Il puisse l’inviter auprès de Lui en disant :
— Entre dans la joie de ton Maître, bon et fidèle serviteur ! »
Une chose encore : le meilleur ami de votre première épouse, c’est le prêtre. Pourquoi attendre le jour de votre enterrement pour le rencontrer ?
